Le Mercato de Fredberg peut-il encore être réussi ?
MARDI, 3 SEPTEMBRE 2024, 10:51 - kargamel
OPINIONS A 36 heures de l'ultime limite pour transmettre la liste de ses joueurs auprès de l'UEFA, le mercato réalisé par Fredberg interroge. Décryptage.
Le 26 mai dernier, le CEO du Sporting d'Anderlecht, Jesper Fredberg, déclarait avec conviction devant un parterre de journalistes : "Je veux être agressif durant le mercato".
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Dans le même temps, il confirmait que Brian RIemer serait encore l'entraîneur du club à la rentrée footballistique malgré des playoffs décevants et au cours desquels le Sporting avait laissé filer le titre au profit des Brugeois revenus de nulle part.
Après un mois de compétition, cette profession de foi résonne aujourd'hui dans la tête des supporters mauves sans susciter l'enthousiasme espéré.
Pourtant, à défaut de la prestigieuse CL, le Sporting s'est qualifié pour les juteuses poules de l'Europa League et il trône actuellement en tête de son championnat domestique sans avoir mordu la poussière, ne serait-ce qu'une fois, malgré des déplacements périlleux à Anvers, Malines et Saint-Gilles.
D'un point de vue mathématique, ce bilan inviterait donc à fredonner en cœur, le cultissime tube de Ménélik « Tout Baigne ! ». Pourtant, tous les observateurs sont assez unanimes, l'Anderlecht actuel n'incite guère à pousser la chansonnette et n'est tout simplement pas armé pour disputer le titre.
En y regardant de plus près, il est en effet difficile de contester que le Sporting a bénéficié des larges faveurs des Dieux du foot à chacune de ses sorties : un but sorti de nulle part dans les arrêts de jeu face à St-Trond, des prestations 4 étoiles de Coosemans urbi et orbi, une réussite insolente sur coups de pied arrêtés et une propension généreuse des attaquants adverses à vendanger tout ce qui peut l'être à l'image de la mémorable panenka de Rodriguez.
Si à cela, on ajoute encore la clémence du tirage qui nous a octroyé le foudre de guerre que constitue le Dynamo Minsk, privé de son antre et amputé de ses supporters, pour accéder aux poules européennes, on aurait tort de se plaindre.
On l'aura compris, le Sporting ne doit sa jolie feuille de route qu'à la patte de lapin de Riemer dont l'efficacité semble plus redoutable que ses choix tactiques.
Le jeu déployé est triste et pauvre; c'est un euphémisme.
Le coach, uni par mariage viking avec le CEO et conforté par les résultats, étant réputé indéboulonnable ou presque, les yeux des supporters se tournent plein d'espoir vers le mercato comme les malheureux du Titanic lorgnaient sur les chaloupes du salut.
Côté départ, la coque du navire mauve devait en effet rapidement constater une inquiétante voie sortante de qualité : Schmeichel, Debast, Delaney, Arnstad et Gatoni s'illustreront désormais sur d'autres rafiots.
Si à cet exode, on ajoute encore la perte temporaire à longue de durée de Thorgan Hazard, on se rend immédiatement compte que la flottabilité du vaisseau arborant pavillon pourpre est réellement menacée.
Les arrivées dans l'autre sens ont pour mission de colmater les brèches et si possible, de renforcer les machines, qui avaient connu un solide coup de mou en fin de saison dernière. Simic, Jorgensen, Foket et Dendoncker ont donc été engagés à cette fin.
Simic et Jorgensen ont à charge de compenser les départs de Debast et Gatoni, quant à Dendoncker, il est celui qui doit faire oublier Delaney. A priori, ça se tient et cette triple disposition devrait au moins assurer le status quo d'autant qu'Augustinsson a aussi pu être fidélisé. Bonnes pioches.
En ce qui concerne Foket, il est plus difficile de se prononcer.
Si on a appris que le Stade Reims n'avait pas exigé d'indemnités de transfert pour l'ex-gantois, il ne faut pas s'imaginer qu'il soit gratuit pour autant, les primes et émoluments du joueur n'étant pas sans effet sur la masse salariale du RSCA.
Le problème ne situe pourtant pas à ce niveau mais plutôt au fait que le Sporting n'avait aucunement besoin d'un nouveau matelot pour tenir le poste à tribord, disposant déjà au sein de son équipage de Sardella et Patris, ce dernier ayant été acquis contre un chèque mirobolant de 4 briques.
L'arrivée « gratuite » de Foket crée donc un problème « Patris » qu'il faut inviter à mettre les voiles en tentant de récupérer l'énorme investissement consenti pour lui, il y a peu. Une location avec OA à St-Trond est pour l'heure dans le pipeline… Pas folichon…
Il n'en reste pas moins que numériquement parlant, le Sporting n'a toujours pas compensé la perte malheureuse de son top joueur, j'ai nommé Thorgan, dont on a vu qu'il avait cruellement manqué dans le sprint final. Il ne sera au mieux de retour qu'en février 2025. Une éternité.
A cela, il ne faudrait pas oublier le poste de gardien. Coosemans fait certes des miracles mais l'ambianceur de service ne risque-t-il pas de faire l'objet d'une blessure ou d'une panne de confiance ? Rien n'est moins sûr !
Pour l'heure, le problème reste entier mais des opportunités existent bel et bien. Butez, toujours bloqué en rade d'Anvers, avait été évoqué. Bodart, dans de sales draps, est toujours à quai en bord de Meuse. Il y a peut-être un coup à faire de ces côtés même si le rouge et le mauve se marient généralement moins bien que dans l'œuvre de Stendhal.
Enfin, il y a la célèbre Arlésienne, aussi chère (€) à Fredberg qu'à Alphonse Daudet, si ce n'est davantage. On parle en effet beaucoup d'Eriksen en mauve mais on risque bien de ne jamais le voir !
Fredberg a, semble-t-il, axé l'essentiel de son mercato sur cette chimère néamoins compatriote. Pour l'heure, il est bredouille et frise même le ridicule dans ce dossier, de conserve avec ce bon vieux Silvio, qui a peut être monté un bateau.
Pourtant, si la venue d'un navigateur de ce calibre se refuse difficilement, son salaire XXL à Man United (9M € /an), aurait dû pousser son dossier au classement vertical immédiat.
Mais que voulez-vous, le propre des chimères est d'être poursuivies sans jamais qu'on ne les rattrape. Sauf preuve du contraire. Il se dit cà et là que Fredberg court toujours. Silvio aussi. Le ridicule ne tue pas mais si on pouvait l'éviter...
Pourtant, le Sporting semble déjà bien pourvu en timoniers capables de tenir la barre mauve avec Stroeykens, Ashimeru, Leoni, Verschaeren et même Flips, ce dernier n'ayant jamais eu sa chance à ce poste, bien qu'il ait été lui aussi acheté contre une fortune, pour remplacer Yari alors sur la touche.
Comprenne qui pourra. Le Français n'a pour l'heure pas trouvé chaussure à son pied, un caillou de plus dans celle de Fredberg et du RSCA.
A bien y réfléchir, la venue d'Eriksen serait sans doute un boulet dans la coque à plus d'un titre. D'une part, elle plomberait les finances du club au risque d'envoyer le navire mauve, à peine renfloué, par le fond et d'autre part, elle créerait une surabondance délétère dans l'entrejeu en impactant directement les purs produits de Neerpede. Un très mauvais signal.
Dès lors, les priorités se dégagent à mon sens presque d'elles-mêmes : les ailes et un gardien.
Sur l'aile gauche, s'il faut choisir et que choisir, c'est renoncer; je serais tenté de maintenir la situation actuelle : Amuzu et Angulo peuvent et doivent animer les abordages par babord en attendant le retour de Thorgan. Ce ne sont certes pas d'irresistibles pirates mais ils sont tout à fait capables de causer des avaries préjudiciables. Nous ne sommes finalement qu'Anderlecht, pas la Grande Armada.
Par contre sur l'aile droite, c'est le néant derrière un Dreyer en pleine dérive. Le Danois a, c'est évident, un excellent pied gauche mais son manque de vitesse et d'explosivité pose un réel problème au Sporting, en tout cas dans l'indéboulonnable dispositif de Riemer.
De plus, même si Dreyer retrouvait toute sa splendeur, il serait bien incapable d'enchaîner les matches tous les 3 jours. Il est dès lors évident qu'une forte et honnête concurrence doit être mise en place à ce poste.
Un ailier droit, rapide et bon dribbleur, constitue en fait davantage une nécessité absolue qu'une priorité.
Du haut de sa vigie, Fredberg devrait donc être à l'affût et appuyer sans tarder sur la gâchette, sans cette fois, se manquer.
Silas Mvumpa (Stuttgart) a été cité comme cible concrète.
Le joueur a le profil et est selon la presse, désireux de rejoindre Saint-Guidon, ce qui est un soi déjà exceptionnel. Le problème se situerait, comme souvent, au niveau du prix.
Aussi me permettrais-je un petit conseil à Monsieur Fredberg : Puisqu'on ne peut pas gagner à tous les coups, il faut parfois accepter de céder, au moins un peu. Les sous-marins ne sont-ils pas forcés de lâcher du lest pour remonter à la surface ?
Il reste 36h pour réussir le mercato !
En ce qui concerne votre serviteur, l'engagement d'un ailier droit performant et d'un gardien de but suffirait à repondre positivement à la question posée.