Le Cirque d’été du RSCA

VENDREDI, 6 SEPTEMBRE 2024, 09:48 - kargamel
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OPINIONS Fredberg a pratiquement terminé son tour de piste de l'été.
Recevra-t-elle des applaudissements nourris ?
Coup d'œil sur la prestation du prestidigitateur danois…
 

En période de mercato, le rôle d'un CEO s'apparente à celui d'un véritable équilibriste :
Renforcer l'équipe pour atteindre les objectifs fixés, maîtriser les contraintes financières imposantes d'un grand cirque comme le RSCA, tout en réussissant à céder à prix d'or, les artistes jugés trop justes pour la grande parade.


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Une performance de funambule où chaque faux pas posé sur le fil tendu, peut entraîner la chute.

En mai dernier, le Monsieur Loyal du Sporting d'Anderlecht avait promis à son public d'enfants, moins gâtés que jadis, de la haute voltige.
Les attentes des supporters étaient donc à la hauteur du trapèze positionné par Jesper Fredberg lui-même, très haut perchées.

Malheureusement, les grands rêveurs devront cette fois se contenter d'un numéro de clown musicien plus habile avec son pipeau qu'avec son maigre carnet d'adresses.

A défaut d'être aisée, la mission était pourtant clairement identifiée :
  • Gérer le départ annoncé de Debast
  • Convaincre et suppléer Vertonghen dont la gâteau s'est alourdi d'une bougie
  • Reconduire les prêts satisfaisants de Schmeichel, Delaney et Augustinsson
  • Doter les ailes de vitesse et de percussion, celles-ci étant fragilisées par la chute de Thorgan et celles à répétition de l'inconstant Amuzu; sans même parler du cas Dreyer
  • Débarrasser la joyeuse troupe de ses clowns tristes aux émoluments somptueux (Diawara, Flips, Abdulrazak)
Pour ce faire, le grand organisateur du show disposait de 4 mois, montre en main, et d'une bourse présumée bien garnie mais qui s'est dégonflée comme une baudruche.

On dit que le temps, c'est de l'argent.
L'homme fort du Sporting a pourtant dépensé bien davantage les précieuses minutes que les écus sonnants et trébuchants, pour au final, un bilan plutôt décevant.

Et pour cause.
Les choses se sont rapidement gâtées quand l'attrapeur de balles au vol et le gladiateur de l'année, tous deux danois, renoncèrent à effectuer un Bis.

Il n'y avait certes pas encore le feu au chapiteau mauve et blanc, il convenait cependant de compenser ces départs non anticipés dans les meilleurs délais.
Il faut dire que les intérimaires du spectacle désireux d'évoluer dans un autre costume, sont légion en cette période estivale, pour peu, évidemment qu'on soit enclin à subvenir à leur cachet.

Dendoncker a ainsi répondu à l'appel de la famille pour une pige annuelle, les chances d'assister à une prolongation du colosse bruxellois étant quasi nulles vu le prix de son ticket.

La cage aux fauves sera quant à elle désormais gardée par l'ex-comique de service, revêtu pour la saison à venir, des habits de lumière de Schmeichel auxquels il n'osait pas même rêver.
Il faut dire que sa jolie tunique lui va plutôt comme un gant et même deux.

A chacun de ses tours de piste, les gradins s'émerveillent de ses formidables acrobaties mais pourra-t-il les reproduire sur la longueur ? Sera-t-il épargné par les blessures  ? Saura-t-il esquiver les suspensions ?
En faisant le choix d'un optimisme convaincu,  Fredberg  a des allures d'un voltigeur qui se produirait à 10 mètres du sol sans le moindre filet.
La sagesse n'incite-elle pas à prévenir plutôt que guérir ?

En cas de chute douloureuse, il pourra en plus se mordre les doigts car le public ne lui pardonnera pas de s'être vautré pour ce poste si délicat.

A contrario, l'achat de Simic, la reconduction de Augustinsson et les engagements de Zanka et Foket ont un doux parfum de barbe à papa.
Ces acquisitions sont à ranger au rayon des numéros réussis ou à tout le moins très prometteurs.

La performance est à saluer d'autant qu'elles ont été réalisées pour un montant global presqu'aussi risible qu'un nez rouge.

Les motifs de satisfaction ne manquent donc pas et il serait injuste de dire que le mercato de Fredberg a été la foire plutôt qu'un cirque.
La section défensive du Sporting est en effet plus solide qu'elle ne l'était la saison passée, à condition bien sûr que Colin continue à se sentir comme un poisson dans l'eau devant ses filets.

Pour ce qui est de l'attaque, la conclusion est hélas toute autre.

Le plus grand tort de Fredberg aura sans doute d'avoir pensé durant une éternité qu'il pouvait attirer une inaccessible étoile sur la piste verte du Lotto Park.

Gober une baleine eût assurément été le clou du spectacle encore fallut-il que l'exploit soit réalisable quels qu'en soient les trucages.

A force d'avoir les yeux rivés sur le strass et les paillettes du magicien danois, Jesper a presque fini par oublier ses autres devoirs, passant probablement à côté d'opportunités plus raisonnables ou plus judicieuses, faute d'avoir engagé les ressources qu'il réservait à la concrétisation de son doux rêve.

La panique s'est donc emparée de l'homme qui avait pourtant disposé de tant de temps. Transférer dans ces conditions produit rarement de bons résultats, Slimani étant l'exception qui confirme la règle.
 
Ainsi, dans les derniers instants du grand final, Samuel Edozie a pu être convaincu de venir montrer toute l'étendue de son agilité dans les barnums de Belgique pour une durée de 9 mois ferme.
Albert Dupontel, mon clown préféré appréciera peut-être.

A 21 ans, l'artiste anglais a une saison de Championship  dans les pattes, pas vraiment dans la peau d'un titulaire et 64 minutes de Premier League cette saison.

Par la force de son jeune âge, il vivra sa toute première expérience à l'étranger, ce qui implique une période d'adaptation.
Essentiellement droitier, l'ailier évolue le plus souvent sur le côté gauche de l'attaque.
Correspond-il vraiment au profil recherché pour concurrencer Dreyer ? L'avenir nous le dira.

Il n'en demeure pas moins que cet enfant de la balle constitue le seul ingrédient offensif pour relever l'insipide spectacle servi sous la grande tente du Parc Astrid.

Pour Fredberg, il vaudrait mieux que le jeune pigiste rappelle davantage les passages heureux de Zirkzee et Nmecha que ceux d'Esposito ou Silva.

Les promesses ne sont malheureusement pas des garanties mais l'espoir est permis.

Lors de son intronisation en janvier 2022, Fredberg  lançait en guise de rupture avec la politique récente du Sporting en matière de transferts :
« L'objectif, que ce soit en janvier ou plus tard, ne sera pas des locations mais des transferts définitifs de joueurs capables de nous apporter un plus sportivement et ensuite une plus-value financière. »

On en est loin et même très loin !

A l'exception de Simic, aucun autre transfert réalisé par Fredberg dans cette fenêtre n'entre dans le cadre qu'il avait lui-même fixé.
Il s'agit là, soit d'une forme d'auto-désaveu, soit d'une marque d'impuissance voire d'incapacité.

En réalité, Fredberg a essentiellement enrôlé des trentenaires sur le retour et 2 prêts secs si on admet qu'une OA à 7M pour Leander est aussi rédhibitoire qu'anecdotique.
Les défenseurs de son bilan avanceront comme argument la maigreur de son budget.
Il semble pourtant que l'enveloppe mise à disposition par le CA n'ait pas été mobilisée.
Révélation étonnante s'il en est.

Dans l'autre sens, 20 millions sont entrés dans les caisses mais les erreurs récentes n'ont malheureusement pas pu être atténuées : Flips et Diawara font toujours partie de la troupe et Patris est prêté chez les canaris plus économes que flambeurs.
 
Dreyer pourtant mis en vitrine par des statistiques flatteuses n' a pas pu rapporter le chèque espéré alors que ses performances fantomatiques inquiètent aujourd'hui.

En outre, les espoirs fondés sur Vazquez et Angulo tardent à se concrétiser.

Alors, n'ayons pas peur des mots, le mercato de Fredberg est un demi-fiasco dont l'autre moitié dépend en somme de la réussite d'un jeune intérimaire qui a tout à prouver, sans avoir à l'instar de son nouveau patron, le luxe du temps pour convaincre.

En filigrane d'un échec sportif en perspective, les questions pointent dès lors déjà :
 
  • Compte tenu des moyens, quels sont (étaient) les objectifs réalistes du club pour cette saison ? Osera-t-on annoncer la triade magique Titre, Coupe et Survie à l'hiver en Europa League ?
  • Riemer sera-t-il le seul homme-canon catapulté avenue Theo Verbeek si jamais le chapiteau venait à s'effondrer sous le grondement des gradins ?
  • Quelle est la mission concrète de la cellule Scouting ? Quels sont ses résultats ? Comment sont -ils exploités pour peu qu'ils le soient ?
  • Quand le travail de Fredberg sera-t-il évalué et sur quels critères objectifs ?
 
Pour répondre à ces questions, une communication claire de la direction est aussi nécessaire qu'attendue mais comme trop souvent ces dernières années, elle brille tant par son absence, qu'un mime paralysé en dirait probablement davantage.

En attendant, les guichets de cet interminable mercato vont se refermer sous peu.

Les artistes se préparent à entrer en piste pour de bon cette fois.

Les mains aux prises avec les popcorns ou autres céréales servies en gobelets, installez-vous confortablement dans votre fauteuil ou plus sommairement, sur votre strapontin du Lotto Park.

Le spectacle va commencer. Le rideau se lève.

Musique !

COYM
 
Kargamel